Cette phrase doit certainement vous évoquer de multiples événement: guerre froide, conquête spatiale, premiers pas sur la lune… C’est effectivement une citation de Neil Armstrong lorsqu’il a foulé le sol lunaire le 16 juillet 1969 dans le cadre de la mission Apollo 11. Durant les trois années qui ont suivi, dix autres astronautes américains y furent envoyés. Depuis la dernière mission Apollo du 7 décembre 1972, plus aucun être humain n’a eu la chance d’être envoyé sur la lune.
L’effort dans la conquête de la lune a été grandement motivé par la concurrence entre l’URSS et les Etats-Unis. Même si c’est les Etats-Unis qui ont envoyé le premier homme sur la lune c’était l’URSS qui dominait la course spatial auparavant. On se souvient par exemple de Youri Gargarine, le premier homme ayant effectué un vol dans l’espace en 1961dans le cadre du programme spatial soviétique. L’arrêt de ces missions d’exploration s’explique par le prix exorbitant qu’elles nécessitent. En effet, les missions Apollo auraient couté entre 20 et 25 milliards de dollars, l’équivalent actuel de 135 à 150 milliards de dollars. Le but ayant été alors bien plus politique que scientifique.
Apres cette grande traversée du désert qu’ont été les missions vers la lune, celles-ci redeviennent un enjeu de taille pour les différentes nations du monde. En effet, plusieurs agences spatiales dans le monde ont dévoilé leurs futurs projets.
Une des missions, HERACLES, a été conçue par l’ESA (European Space Agency) avec l’Agence spatiale Japonaise (JAXA) et l'Agence spatiale Canadienne (CSA). Celle-ci, prévue pour fin 2020, a pour but l’envoi d’un rover sur la lune afin de préparer de futures arrivées humaines et le renvoi sur terre d’échantillons lunaires. Par ailleurs, l’Administration spatiale nationale chinoise qui définit la politique spatial a elle aussi axé son programme vers une exploration lunaire. Leur mission « Chan’ge 4 » lancée le 7 décembre 2018, a abouti pour la première fois à la pose d’un rover sur la face cachée de la lune. Ce fait est une première technologique car la communication directe entre la Terre et la face cachée de la lune est à ce jour impossible. La Chine décompte pour l’année 2018, 39 lancements orbitaux, contre 31 pour les Etats-Unis. Donald Trump a lui aussi annoncé un retour d’astronautes américains sur la Lune pour 2024 et cela à travers le programme Artemis de la Nasa. Ce dernier comprendrait trois missions intermédiaires dans lequel l’utilisation de fusées privées et l’appel à des entreprises tel que « Space X » ou « Blue Origin » sont prévus.
Tous ces exemples de missions lunaires n’étant pas exhaustives, quel est ce nouvel enjeu poussant les nation à renvoyer des Hommes sur la lune ?
Tout d’abord, il faut savoir que de multiples ressources que l’on utilise sur Terre se trouvent sur la lune, les « terres rares ». Bien que celles-ci ne soient pas rare sur Terre, elles sont de plus en plus exploitées et permettent la conception d’objets de haute technologie. Les Etats-Unis ont d’ailleurs ratifié le « Space Act » permettant aux entreprises américaines l’exploitation de ressources spatiales, le Luxembourg a lui aussi acté une loi du même type. Ces nouvelles modalités rompant ainsi le Traité De l’Espace ayant comme principe la non-appropriation de ressources spatiales par un état, retire à l’espace le statut de bien commun. Cependant, l’import de ces ressources lunaire coute encore trop cher pour être mise en place à l’heure actuelle bien que cet éventualité n’est pas à exclure.
On retrouve aussi sur la Lune de l’Helium 3 qui a un neutron en moins que l’atome d’helium terrestre. Celui-ci est très interessant car il permettrait de produire de l’énergie nucléaire par fusion, ce qui libérerait moins de déchets radioactif et l’énergie qui en résulterais serait jusqu’a quatre fois plus rentable que l’énergie nucléaire actuelle qui s’effectue par fission. En effet, la fusion nucléaire est un procédé que l’on retrouve à la surface du Soleil et résulte de la fusion de deux noyaux atomiques. À l’inverse, nos énergies nucléaires actuelles se font par la fission de noyaux d’atomes lourds suite à l’impact d’un neutron. Même si cette technique ne sera pas maîtrisée avant au moins 2050, la possibilité de produire de l’énergie à partir de fusion nucléaire grâce à l’helium 3 paraît très attractive.
Les ressources lunaires ne sont pas les seuls enjeux de cette nouvelle conquête de la lune. En effet, l’administrateur de la Nasa Jim Bridenstine indique la volonté de construire une base lunaire permettant les aller-retours. Cette possibilité serait l’une des premières étapes de la conquête spatiale humaine. En effet, cette base lunaire a l’avantage d’être proche de la Terre en cas de retour urgent mais aussi d’y faire décoller des fusées vers d’autres planètes du système solaire, tout cela en dépensant moins de carburant que depuis la Terre. En effet, la gravité y étant moins importante, l’envoi de fusées demanderait moins de carburant, d’autant plus que de l’eau glacée sur les pôles permettrait d’y survivre sans trop de ressources extérieures. Cette eau pourrait aussi permettre la production d’hydrocarbure (composé d’oxygène et hydrogène) afin de propulser les navettes spatiales.
La Lune est donc pensée comme notre futur laboratoire spatial, une sorte de “station service” utile pour nos prochaines explorations des planètes de notre système solaire. On ne peut cependant s’empêcher de penser que l’exploitation des ressources lunaires ne fait que trop écho aux ressources que l’on a que trop exploité sur notre planète.
En savoir plus
ESA « Landing on the Moon and returning home: Heracles »
CRS Report: China's Space Program: An Overview Friday, November 14, 2003
« The Case for the Moon: Why We Should Go Back Now » By hyperlink "https://www.space.com/author/clara-moskowitz"Clara Moskowitz January 10, 2011
Pourquoi vouloir marcher à nouveau sur la Lune ? vidéo YouTube par Le monde
Pourquoi la lune redevient-elle un enjeu pour les Nations ? France Culture
Article paru dans Je Science donc J'écris n°17 - Janvier 2020